Histoire et mémoires et de la guerre d'Algérie
Consigne : Après avoir présenté votre acteur et son positionnement durant la guerre d’Algérie, vous mettrez en évidence les mémoires qu’il conserve de ce conflit avant de montrer le degré de prise en compte de ces mémoires (oubli, reconnaissance, instrumentalisation) en France et en Algérie jusqu’à nos jours.
Algérie 1960: des «porteurs de valises» contre une «guerre atroce»
Nos grands proçès. 1960. Le procès du réseau clandestin Jeanson conduit l’Humanité et le PCF à s’interroger sur le choix de lutte radicale en faveur de l’indépendance algérienne.
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Militant communiste, Henri Alleg dirige le journal Alger républicain. Il participe à des réseaux d'aide au FLN. Il est arrêté le 12 juin 1957 à Alger. Il témoigne de son expérience dans un livre écrit en cachette en prison.

Il y a maintenant plus de trois mois que j'ai été arrêté. (...) Des nuits entières, durant un mois, j'ai entendu hurler des hommes que l'on torturait, et leurs cris résonnent pour toujours dans ma mémoire. J'ai vu des prisonniers jetés à coups de matraque d'un étage à l'autre et qui, hébétés par la torture et les coups, ne savaient plus que murmurer en arabe les premières paroles d'une ancienne prière. Mais depuis, j'ai encore connu d'autres choses. J'ai appris la "disparition" de mon ami Maurice Audin, arrêté vingt-quatre heures avant moi, torturé par la même équipe qui ensuite me "prit en mains". (...) J'en ai vu d'autres : un jeune commerçant de la Casbah, Boualem Bahmed, dans la voiture cellulaire qui nous conduisait au tribunal militaire, me fit voir de longues cicatrices qu'il avait aux mollets. "Les paras, avec un couteau : j'avais hébergé un FLN". De l'autre côté du mur, dans l'aile réservée aux femmes il y a des jeunes filles dont nul n'a parlé (...) : déshabillées, frappées, insultées par des tortionnaires sadiques, elles ont subi elles aussi l'eau et l'électricité.

Henri Alleg, La Question, Paris, Éditions de Minuit, 1958.
Les communistes et l'Algérie, par Alain Ruscio - Histoire coloniale et postcoloniale
Dans « Les communistes et l’Algérie. Des origines à la guerre d’indépendance, 1920-1962 », Alain Ruscio offre un ouvrage soigneusement documenté sur une page d’histoire souvent objet de polémiques. Il a travaillé sur des fonds d’archives récemment ouverts, comme dans celles du PCF aux Archives départementales de Seine-Saint-Denis, et y révèle des documents nouveaux. Nous publions les articles que lui ont consacré Claude Mazauric dans « l’Humanité », la Rubrique culture du quotidien « Le Soir d’Algérie » et Jean-Pierre Sereni sur le site « Orient XXI », et signalons deux débats organisés autour de ce livre.
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Posted by ngd
Une du journal communiste L’Humanité, 13 septembre 2018
 

Le geste historique d'Emmanuel Macron

La décision est historique et pourrait être à Emmanuel Macron ce que le Vél'd'Hiv fut à Jacques Chirac. (...) Le chef de l’État a décidé de reconnaître la responsabilité de l’État français dans la mort de Maurice Audin, ce mathématicien communiste, militant de l'indépendance de l'Algérie, arrêté le 11 juin 1957 en pleine bataille d’Alger, torturé par l'armée française et disparu sans laisser de traces.
"Le président de la République (...) reconnaît, au nom de la République française, que Maurice Audin a été torturé puis exécuté ou torturé à mort par des militaires qui l'avaient arrêté à son domicile. (...)
Le geste était attendu depuis soixante et un ans par la famille du mathématicien devenu l'un des symboles des exactions de l'armée française en Algérie. Le 18 juin 2014, François Hollande avait fait un premier pas en reconnaissant que Maurice Audin ne s'était pas évadé, contrairement à la version officielle, et était mort en détention. Quant à Nicolas Sarkozy, il n'avait pas même répondu à la lettre que Mme Audin lui avait adressée à l'Elysée en 2007.

Cédric Pietralunga, "Torture en Algérie : le geste historique d'Emmanuel Macron", Le Monde, 13 septembre 2018.