La gouvernance mondiale dans un monde multipolaire (de 1991 à nos jours)
Préparer et présenter une émission d'analyse géopolitique pour comprendre les enjeux du monde contemporain
De Trump à Biden : quel leadership américain ? - Le Dessous des cartes | ARTE
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L'unilatéralisme des Etats-Unis est contesté

Début 2003, George W. Bush manifeste l'intention d'envahir l'Irak et de renverser Saddam Hussein, dictateur irakien accusé de soutenir le terrorisme international. Un débat a lieu au Conseil de sécurité de l'ONU.

"L'autorité de notre action repose aujourd'hui sur l'unité de la communauté internationale. Une intervention militaire (...) pourrait avoir des conséquences incalculables pour la stabilité de cette région meurtrie et fragile. Elle renforcerait le sentiment d'injustice, aggraverait les tensions et risquerait d'ouvrir la voie à d'autres conflits. (...)
Il y a dix jours, le secrétaire d’État américain, Colin Powell, a évoqué les liens supposés entre al-Qaïda et le régime de Bagdad (capitale irakienne). En l'état actuel de nos recherches et informations menées en liaison avec nos alliés, rien ne nous permet d'établir de tels liens. (...) Une telle intervention ne risquerait-elle pas d'aggraver les fractures entre les sociétés, entre les cultures, entre les peuples, fractures dont se nourrit le terrorisme ?

Discours prononcé par le ministre français des Affaires étrangères Dominique de Villepin au Conseil de sécurité de l'ONU, 13 février 2003.
Armes chimiques en Syrie : "la ligne rouge" et l'échec du désarmement
Depuis le début du conflit, le régime syrien a été accusé à de nombreuses reprises d'avoir eu recours à des armes chimiques. Pourtant, un accord, conclu en 2013 sous le patronage de la Russie, prévoyait…
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« La reprise du pouvoir par les talibans est une illustration cinglante du monde post-américain qui se dessine »
Tribune d' Alexandra de Hoop Scheffer, politiste Le Monde , 23 aout 2021

La stratégie de « guerre globale contre le terrorisme » mise en œuvre par les Etats-Unis et leurs alliés depuis 2001 a appauvri leur capacité de réaction aux changements géopolitiques, au profit d’autres puissances dont la Chine, estime la politiste Alexandra de Hoop Scheffer.
Il aura fallu seulement dix jours pour que les talibans reprennent le contrôle de l’Afghanistan et célèbrent à leur manière le vingtième anniversaire des attentats du 11 septembre 2001. Cette reconquête éclair et la détermination du président Biden à retirer les troupes américaines ont sidéré le monde entier. En réalité, nous assistons ici à l’aboutissement d’une décennie de désengagement américain et d’une déliquescence chronique des institutions afghanes qui ont profité aux talibans.

La reprise du pouvoir par les talibans marque un tournant géopolitique : il s’agit d’abord d’une défaite stratégique pour les Etats-Unis et leurs alliés de l’OTAN, avec des implications à long terme pour leur crédibilité et leur capacité à agir ailleurs ; c’est aussi une illustration cinglante du monde post-américain qui se dessine, au profit d’autres puissances, la Chine en premier lieu, mais aussi la Russie, la Turquie et l’Iran qui s’imposent sur le terrain et mènent la diplomatie de crise [...]
En décembre 2010, le président Obama recentre sa stratégie sur l’impératif sécuritaire de la lutte contre Al-Qaida et exclut toute entreprise de « nation building » (« construction d’Etat ») en Afghanistan, devenu un concept tabou. Il est intéressant de noter que Joe Biden, lui aussi, a évolué sur le sujet : en 2001, alors président de la commission des affaires étrangères du Sénat, il évoquait un projet de reconstruction similaire au plan Marshall, affirmant qu’une entreprise de « nation-building » en Asie centrale et du Sud était la solution à long terme au problème du terrorisme. Dix années plus tard, il insistait sur une stratégie américaine non plus de nation-building en Afghanistan mais focalisée sur la lutte contre le terrorisme, une position qu’il défend aujourd’hui avec fermeté.[...]
Pendant vingt ans, les Etats-Unis et leurs alliés ont tenté différentes stratégies pour défaire les talibans. Entre 2001 et 2005, ils se sont appuyés sur les chefs de guerre afghans, tandis que les Etats-Unis se concentraient sur l’Irak. En 2014, le soutien aux milices afghanes et aux soulèvements anti-talibans était devenu la clé. A défaut de restaurer la sécurité, l’armée américaine a distribué de l’argent pour tenter d’« acheter » la paix temporaire : le financement apporté aux seigneurs de guerre et à leurs milices en échange de leur protection des convois américains, n’a fait qu’affaiblir le gouvernement sans cesse court-circuité. Les projets de reconstruction (infrastructures, écoles) ont souvent été conçus dans un contexte de précipitation, sans s’être assurés de la capacité du gouvernement ou des autorités locales à les maintenir et les entretenir une fois les forces internationales parties.[...]

Les Etats-Unis et leurs alliés de l’OTAN sont aujourd’hui en panne de stratégie, comme en témoignent les revirements en Afghanistan, en Irak, en Libye, en Syrie et au Sahel, les balbutiements de la réflexion européenne sur ces sujets, et l’incapacité des gouvernements à expliquer les objectifs de leurs engagements militaires auprès d’opinions publiques de plus en plus sceptiques.

Cet appauvrissement de la réflexion stratégique des deux côtés de l’Atlantique est en partie attribuable aux deux décennies de la « guerre globale contre le terrorisme » dans laquelle l’Amérique a plongé le monde au lendemain des attentats du 11 septembre 2001, entravant toute forme de réflexion sérieuse sur les évolutions de l’environnement stratégique contemporain. La lutte contre le terrorisme a empêtré les Etats-Unis et leurs alliés dans des guerres perpétuelles, et diminué la créativité diplomatique ainsi que leur capacité à réagir aux changements géopolitiques.


Alexandra de Hoop Scheffer est politiste et directrice, à Paris, du think tank transatlantique German Marshall Fund of the United States.

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Quel est l'impact de la parole des présidents américains sur l'image et l'influence de leur pays ?


L'ultimatum de George W. Bush à Saddam Hussein avant d'envahir l'Irak en 2003 | INA
Il y a 20 ans était déclenchée la guerre en Irak baptisée par les États-Unis «Liberté de l'Irak». Trois semaines vont suffire pour sceller le sort du régime de Saddam Hussein et prendre le contrôle de Bagdad.
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