Portugal, transition démocratique
Thème 1 Comprendre un régime démocratique : la démocratie
Axe 2 Avancées et reculs des démocraties

Le regard d'un historien sur la transition démocratique portugaise

Ce n'est qu'à partir du début des années 1980 que cette démocratie européenne a pu pleinement s'épanouir, avec la fin de la dualité des pouvoirs entre civils et militaires (révision constitutionnelle de 1982 entérinant la disparition du Conseil de la Révolution), l'élection, pour la première fois depuis plus de soixante ans, d'un civil comme Président de la République (Mario Soares en février 1986) et l'entrée dans la Communauté européenne, le 1er janvier 1986. (...)
Le régime devient progressivement parlementaire dans les années 1980, suite à la révision constitutionnelle de 1982. L'Assemblée de la République, chambre unique du Parlement portugais qui compte aujourd’hui 230 députés (contre 250 en 1976), élus pour quatre ans au scrutin proportionnel, se replace au centre du dispositif institutionnel.

Yves Léonard, Histoire du Portugal contemporain, de 1890 à nos jours, Paris, Chandeigne, 2018 (2e éd.).
La jeune démocratie portugaise menacée
La crise atteint son paroxysme au cours de l’été 1975, “l’été chaud”, où éclatent au grand jour les contradictions internes au sein du Mouvement des forces armées (MFA) entre communistes, tiers-mondistes, gauchistes et socialistes. Les communistes vont-ils tenter un coup de force? Fin juillet, Otelo de Carvalho, commandant du Copcon (structure militaire) est accueilli dans la liesse au retour d’un voyage à Cuba où il a été reçu par Fidel Castro. Cette crainte s’estompe toutefois début août avec la signature des accords d’Helsinki, consacrant la détente entre l’Est et l’Ouest, sous l’égide du CSCE (Conférence sur la sécurité et la coopération en Europe). Dans le nord du pays, en revanche, une réaction contre-révolutionnaire est alimentée par l’Église catholique et des notables, amplifiée par une offensive anti-gauchiste d’éléments de la droite et de l’extrême droite. Alors que les occupations d’usine […] et la mise en route de la réforme agraire suscitent des réactions de peur, le gouvernement de Vasco Gonçalves perd le contrôle de la situation. Lâché par le Parti communiste, de plus en plus isolé, il est contraint de démissionner début septembre. […] La confusion est à son comble.»
Yves Léonard, «25avril 1974: les œillets font la démocratie», Les Collections de L’Histoire, no 63,
«Portugal. L’empire oublié», avril-juin 2014
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La transition démocratique selon le socialiste Soares

"La révolution portugaise a été exemplaire. Elle représenta une rupture complète avec l'ancien régime fascisant (...). Le peuple a participé à l'action des militaires (...). Le 25 avril, les journaux ont commencé à paraître sans passer par la censure (...). La révolution portugaise a eu lieu de façon pacifique sans interférence extérieure (...). Les négociations ont eu lieu dans un contexte de légitimité révolutionnaire mené par le MFA. Ce n'était certes pas démocratique (...). Pour avoir une légitimité démocratique il fallait faire des élections. Et ce point a donné lieu au premier conflit entre les socialistes et les communistes, car ils disaient que les élections constitueraient un frein à la révolution (...). L'extrême gauche proclamait que c'était le moment de faire l'économie d'une révolution bourgeoise, démocratique, et de passer directement à une révolution socialiste. Nous, les socialistes, nous soutenions l'organisation immédiate d'élections (...). Notre Constitution de 1976 est une matrice de notre révolution. Nous avons rétabli un certain ordre dans le pays qui était dans une situation économique chaotique (...). En résumé, nous sommes devenus un pays démocratique pluraliste."

Mario Soares, "Mémoires d'avril", Matériaux pour l'histoire de notre temps, n° 80, 2005.
Affiches électorales du Parti communiste portugais en avril 1975
En avril 1975 ont lieu au Portugal les premières élections constituantes depuis la chute du régime salazariste.
 
Chronologie de la transition démocratique portugaise
 
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File d’attente devant le bureau de vote pour les élections législatives d’avril 1976
 
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La transition démocratique selon le socialiste Soares
«La révolution portugaise a été exemplaire. Elle représenta unerupture complète avec l’ancien régime [fascisant][…]. Le peuple a participé à l’action des militaires[…]. Le 25 avril, les journaux ont commencé à paraître sans passer par la censure[…]. La révo-lution portugaise a eu lieu [de façon pacifique] sans interférence extérieure […]. Les négociations ont eu lieu dans un contexte de légitimité révolutionnaire mené par le MFA. Ce n’était certes pas démocratique […]. Pour avoir une légitimité démocratique il fal-lait faire des élections. Et ce point a donné lieu au premier conflit entre les socialistes et les communistes, car ils disaient que les élections constitueraient un frein à la révolution […]. L’extrême-gauche proclamait que c’était le moment de faire l’économie d’une révolution bourgeoise, démocratique, et de passer directement à une révolution socialiste. Nous, les socialistes, nous soutenions l’organisation immédiate d’élections […]. Notre Constitution de 1976 est une matrice de notre révolution. Nous avons rétabli un certain ordre dans le pays qui était dans une situation économique chaotique […]. En résumé, nous sommes devenus un pays démocratique pluraliste. »
Mário Soares, « Mémoires d’Avril », © Matériaux pour l’histoire de notre temps, n° 80, 2005.3
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Le regard d'un historien sur la transition démocratique portugaise
Ce n'est qu'à partir du début des années 1980 que cette démocratie européenne a pu pleinement s'épanouir, avec la fin de la dualité des pouvoirs entre civils et militaires (révision constitutionnelle de 1982 entérinant la disparition du Conseil de la Révolution), l'élection, pour la première fois depuis plus de soixante ans, d'un civil comme Président de la République (Mario Soares en février 1986) et l'entrée dans la Communauté européenne, le 1er janvier 1986. (...)
Le régime devient progressivement parlementaire dans les années 1980, suite à la révision constitutionnelle de 1982. L'Assemblée de la République, chambre unique du Parlement portugais qui compte aujourd’hui 230 députés (contre 250 en 1976), élus pour quatre ans au scrutin proportionnel, se replace au centre du dispositif institutionnel.
Yves Léonard, Histoire du Portugal contemporain, de 1890 à nos jours, Paris, Chandeigne, 2018 (2e éd.).
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